La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a testé les recrutements d'une quarantaine d'entreprises de plus de 1000 salariés. Si la majorité a respecté l'égalité de traitement. Douze ont été épinglées par le "testing". Preuve qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir en matière d'égalité à l'embauche.

Les recruteurs ont été plus sensibles aux CV et lettres de motivation portant des noms « hexagonaux » plûtôt qu’à ceux disposant de patronymes « maghrébins ». Le taux de réponse positive est respectivement de 47 % et 36 % des candidatures envoyées à compétences égales. Par ailleurs,

douze entreprises présentent des écarts conséquents en défaveurs des candidats aux patronymes maghrébins. Femmes et hommes, employés comme managers sont discriminés dans les mêmes proportions relève aussi la Dares.

Pour réaliser cette enquête, la Dares et l’association ISM Corum ont testé chaque entreprise
 entre 30 et 40 fois au printemps dernier. Ces dernières devaient présenter suffisamment d’offres d’emploi pour être testées à plusieurs reprises. Au total, 3000 candidatures ont été effectuées. Pour obtenir des données exploitables, les deux organismes ont envoyé des pairs de candidatures équivalentes (formation, âge, sexe, diplôme, lieu de résidence) pour différents postes à l'intérieur d'une même entreprise.

Seule « l’origine évoquée » par les noms et prénoms variait. Au total une centaine d’identités a été utilisée.

Dans leur grande majorité, les entreprises ont appliqué l’égalité de traitement. Douze d’entre elles ont, néanmoins, été sérieusement épinglées par l'opération et présentent des écarts de 15 à 35 points en défaveur des candidatures « maghrébines » par rapport à celle « hexagonales ».


Le «testing» met en lumière l'ampleur du « risque discriminatoire dans l’accès à l’emploi ». Et ce, malgré les effets d’annonces et d’affichages pour le respect de l’égalité des entreprises.

Le ministère du Travail a d’ailleurs pris la mesure du phénomène puisqu’il a lancé, en avril, une campagne de prévention intitulée #LesCompétencesdabord. Le ministère de Myriam El Khomri y rappelle opportunément que l’article 225-1 et 225-2 du Code pénal prévoit 3 ans d’emprisonnement et 45.000 € d’amende en cas de discrimination à l’embauche.

Les 40 entreprises testées ont été informées des résultats les concernant et reçues par le cabinet de la ministre. Un dialogue a « été engagé autour de leurs pratiques de recrutements », assure également la Dares dans sa note de synthèse. Ces grandes entreprises ont été invitées « à adresser au ministère du Travail leurs plans d’actions en faveur de la non-discrimination ».

Les douze pointées par l’opération de « testing » ont été, quant à elles, encouragées à prendre des mesures correctives. « Quelques mois leur seront laissés pour mettre en place leur plan de prévention puis ISM Corum se rendra sur place pour vérifier ce qui a été fait, précise le ministère du travail dans un rapport, publié en novembre, sur les discriminations au travail.

Dans les cas où la demande des pouvoirs publics n’aurait pas été suivie d’effet, le nom des entreprises concernées sera rendu public. » La pression médiatique étant la seule arme du ministère : les opérations de « testing », portant sur des candidatures fictives, ne peuvent entraîner de poursuite judiciaire...