La 5ème édition du baromètre Deloitte/OpinionWay* sur l’humeur des jeunes diplômés, réalisée auprès de 1 002 jeunes diplômés titulaires d’un Bac à Bac +5 depuis moins de 3 ans en poste ou en recherche d’emploi dans le secteur privé, souligne un regain de confiance des jeunes dans l’entreprise et une envie d’évoluer dans une bonne ambiance de travail.

Pour la première fois, le baromètre a également demandé l’avis de 405 DRH d’entreprises de 50 salariés et plus.

Objectif : croiser les regards entre les jeunes diplômés et les recruteurs sur l’adéquation entre formation académique et monde du travail. Les résultats sont poignants.

Premier constat : le diplôme n’a pas la même valeur aux yeux des jeunes diplômés que des DRH. Si, pour 33 % des jeunes sondés, le diplôme représente un moyen de trouver un emploi plus facilement, il n’est en revanche d’aucune utilité pour 22 % d’entre eux, dont

17 % de diplômés de grandes écoles. Lorsque l’on pose cette même question aux DRH, les avis sont plus pragmatiques. Les diplômes permettent pour 67 % d’entre eux de trouver un emploi et seulement 3 % ne les trouvent d’aucune utilité.

Un manque de compétences professionnelles

Autre constat : un écart entre les compétences acquises et celles attendues par les entreprises. Le trio de tête des compétences attendues par les entreprises sont l’adaptabilité, l’efficacité et la rigueur ; un point de vue partagé par les jeunes qui dressent toutefois l’efficacité en tête de liste. Mais une fois en poste, les compétences attendues et les compétences acquises diffèrent.
Pour les DRH, les jeunes diplômés en poste disposent davantage de compétences comportementales et relationnelles. Les recruteurs pointent du doigt de sérieuses lacunes en langues étrangères. Ainsi, seuls 40 % des DRH estiment que les jeunes disposent de cette compétence, tandis que 63 % des jeunes déclarent posséder ces compétences linguistiques. « Bien que le niveau d’anglais des jeunes diplômés soit correct, il reste insuffisant comparé à nos homologues européens », confie Sami Rahal, associé DRH chez Deloitte.

Réalistes, les jeunes savent pour autant que leurs compétences professionnelles n’ont pas été assez développées durant leur formation, un avis partagé par 41 % d’entre eux. Une impression renforcée chez les DRH (77 %). Le manque de pratique sur le terrain fait encore défaut à de nombreux jeunes alors que « la richesse des stages est très regardée lors d’un recrutement » rappelle Sami Rahal.

Flexibilité et optimisme

Autre enseignement, les jeunes sont, cette année, plus confiants à l’égard des employeurs, puisque 52 % leur accordent leur confiance (+ 3 %), et ils sont 57 % à l’être lorsqu’ils sont en poste. Ceux en recherche d’emploi se montrent également plus optimistes qu’auparavant : 54 % d’entre eux ont confiance dans leurs chances de trouver un emploi dans les 6 prochains mois, contre 42 % en 2013. Ils se montrent plus flexibles et prêts à faire des concessions pour décrocher leur premier emploi.

Sur la question de la réforme des contrats de travail, 63 % se disent même favorables à la suppression des 35h avec contrepartie, et la moitié d’entre eux envisage la mise en place d’un contrat de travail unique en remplacement du CDD et CDI. Des réponses qui sont presque en phase avec celles des DRH, qui montrent toutefois un peu moins d’enthousiasme face à ces éventuelles mesures.

Prôner la bonne ambiance

Pour fidéliser les jeunes talents, il faudra miser sur une bonne ambiance de travail. En effet, 38 % des jeunes diplômés se disent prêts à rester dans une entreprise si l’ambiance y est bonne. 35 % d’entre eux mettent en avant l’intérêt du travail, et 20 % la localisation géographique. Donner un sens à leur travail et un équilibre à leur vie privée et professionnelle priment sur la rémunération, qui se hisse en 5ème position seulement. Car les jeunes en poste savent ce qu’ils veulent. Pour preuve, 37 % d’entre eux ne se voient pas rester plus de deux ans dans leur société. Faire carrière à l’international ne fait rêver que 22 % d’entre eux : ces jeunes préfèrent d’abord vivre leur première expérience professionnelle dans l’Hexagone.

Enfin, pour les attirer, mieux vaut publier des offres sur les sites emploi et les sites RH des entreprises. Pour 70 % des jeunes diplômés en poste, le réseau personnel, les sites emploi et les sites carrière des entreprises restent les principaux canaux utilisés pour décrocher un poste.

Plus classiques, les offres d’emploi restent très ancrées dans les processus de candidature. Les réseaux sociaux sont peu utilisés pour postuler. En revanche, ils restent un outil intéressant pour développer et asseoir sa marque employeur puisqu’ils constituent pour les jeunes de bons moyens d’en savoir plus sur la culture d’entreprise et assouvir ainsi leur soif d’informations.

Rachida Soussi

*Enquête menée en ligne du 3 au 20 novembre pour les jeunes et du 3 au 13 novembre 2015 pour les DRH.